FESTIVAL DE CANNES 2025
- Imanos Santos
- il y a 9 heures
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FESTIVAL DE CANNES 2025
78e Edition
Entre tradition et audace
De Imanos Santos
J’ai toujours considéré le Festival de Cannes comme une parenthèse d’exception dans notre espace culturel international. Pour sa 78e édition qui se tiendra du 13 au 24 mai 2025, je m’attends à vivre, une fois encore, cette sensation unique où l’effervescence artistique rencontre le raffinement intellectuel. Depuis 1946, cette institution façonne notre rapport au 7e art, en observant avec intérêt comment elle continue de se réinventer sans jamais perdre sa signature.

La cérémonie d’ouverture s’annonce particulièrement exceptionnelle cette année. Mylène Farmer, l’artiste au parcours singulier dont le mystère demeure intact malgré les décennies, offrira une performance inédite au Grand Théâtre Lumière. Une première sur la Croisette pour celle qui se fait habituellement si rare. Ce choix illustre parfaitement la volonté du Festival d’entremêler les arts, créant ainsi un dialogue entre cinéma et musique que je trouve particulièrement stimulant. (NDLR : https://www.diamont-history-group.info/post/mylene-farmer).
En parallèle, je salue l’hommage rendu à Robert De Niro qui recevra une Palme d’or d’honneur. J’ai grandi avec ses interprétations magistrales, notamment dans ses collaborations avec Scorsese, et je considère que cette reconnaissance vient couronner un parcours qui a indéniablement marqué notre époque. La présence de ces deux icônes lors de la soirée inaugurale promet des moments d’émotion intense. (NDLR : https://www.diamont-history-group.info/post/robert-de-niro-a-cannes
Le jury présidé par Juliette Binoche m'interpelle par sa composition éclectique. J'y vois un savant équilibre entre sensibilités artistiques diverses et origines géographiques variées. Halle Berry apporte sa perspective hollywoodienne teintée d'engagement, tandis que Leïla Slimani offre son regard d'écrivaine franco-marocaine à l'acuité reconnue. Des figures comme Carlos Reygadas ou Hong Sangsoo représentent un cinéma plus expérimental qui m'est cher. Cette diversité laisse présager des délibérations passionnantes et, je l'espère, des choix audacieux.
Parmi les films en compétition, je porte une attention particulière à Die My Love de Lynne Ramsay. J'ai toujours admiré sa capacité à créer une tension visuelle quasi palpable et son art de l'ellipse narrative. Woman and Child de Saeed Roustaee éveille également ma curiosité par sa manière de dépeindre la réalité iranienne avec une justesse troublante. Ces œuvres s'inscrivent dans cette tradition cannoise que j'affectionne, où l'exigence artistique se met au service d'une réflexion profonde sur notre monde.
La section « Un Certain Regard », que je considère comme un laboratoire d'idées novatrices, accueillera The Chronology of Water de Kristen Stewart. Je trouve fascinant ce passage de l'actrice à la réalisation, et les premiers échos que j'ai pu recueillir suggèrent une sensibilité visuelle affirmée. Love Me Tender d'Anna Cazenave Cambet et Un Poeta de Simón Mesa Soto complètent une sélection que j'imagine riche en découvertes.
Les séances spéciales offrent souvent ces moments inattendus. Le thriller Dalloway de Yann Gozlan, où Mylène Farmer prête sa voix à une intelligence artificielle, me semble incarner parfaitement cette rencontre entre la tradition cinématographique et la modernité technologique. Quant à l'hommage à Pierre Richard avec L'Homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme, il met en exergue l’importance capitale de préserver la mémoire collective du cinéma..
Je suis également sensible aux aspects moins visibles mais tout aussi essentiels du Festival. Ces 7 000 mètres carrés de tapis rouge entièrement recyclés témoignent d'une prise de conscience écologique que j'estime nécessaire dans un événement de cette ampleur. Le Palais des Festivals lui-même, avec son architecture imposante et son écran monumental, m'apparaît comme un symbole de cette grandeur que peut atteindre le cinéma lorsqu'il est célébré avec ferveur.

Des anecdotes comme celle de Zaho de Sagazan montant sur scène en chaussettes lors de l'édition 2024 me ravissent par leur spontanéité. Ce sont ces instants d'humanité qui, à mes yeux, donnent à Cannes son caractère unique, au-delà du glamour conventionnel. Le happening improvisé lors de la présentation de Megalopolis de Coppola m'a également marqué comme un de ces moments où la réalité et la fiction se confondent magnifiquement.
En tant qu'observateur attentif du monde cinématographique, je ne peux ignorer la dimension économique du Festival. Ces 30 000 professionnels et 5 000 journalistes accrédités font de Cannes une véritable agora où se dessine l'avenir de cette industrie cinématographique planétaire. J'y ai souvent été témoin de ces rencontres fructueuses entre créateurs et producteurs, de ces négociations qui détermineront quels films nous pourrons voir dans nos salles obscures.
À l'approche de cette 78e édition, je ressens une excitation qui m’est familière mêlée d'une certaine gravité. Car le Festival de Cannes est un miroir des époques qu’il traverse, de ses questionnements et de ses aspirations futures. Entre la Croisette baignée de soleil et les salles plongées dans l'obscurité, c'est toute la complexité de notre monde contemporain qui se donne à voir, analysée par le regard unique des cinéastes.
Le cinéma de Cannes se joue, depuis sa naissance, entre ombre et lumière où l’équilibre est, chaque année, mis à rude épreuve et qui, malgré les controverses, les dérapages, les coups de gueule ou les déceptions, garde la magie de ses débuts... Entre le souvenir des gondoles vénitiennes où l’idée a germé et les fastes de la Croisette, nous sommes toujours heureux de vivre cette expérience et de monter, pour certains, les marches du palais sur ce tapis rouge international.
Je m'apprête donc à vivre ces onze jours comme un voyage intellectuel et émotionnel, guidé par des artistes qui, à travers leurs œuvres, nous invitent à repenser notre rapport au monde. Car c'est bien là, selon moi, que réside la véritable magie de Cannes : dans sa capacité à nous transformer par la force des images et des récits.

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