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ROBERT DE NIRO A CANNES

  • Photo du rédacteur: Serge Leterrier
    Serge Leterrier
  • 10 avr.
  • 7 min de lecture

ROBERT DE NIRO A CANNES

L’excellence sans compromis


 Par Serge Leterrier


« Robert est un maître de la transformation subtile. Il peut changer complètement avec juste un regard. » Jodie Foster

 

Le 78ème Festival International du Film de Cannes, du 13 au 24 mai 2025,  s'apprête à honorer l'un des plus grands acteurs de notre temps. Je vous propose un regard différent sur Robert De Niro. Au-delà des hommages conventionnels et des rétrospectives habituelles. Cet article n’a pour seul objectif de découvrir  l'homme derrière la légende, l'artisan derrière l'icône. À travers une perspective personnelle et intime, nous allons explorer les multiples facettes d'une carrière exceptionnelle qui a redéfini l'art de l'interprétation au cinéma. Cette Palme d'or d'honneur est l'occasion de méditer sur l'héritage durable d'un artiste qui n'a jamais cessé de se réinventer.


Robert De Niro I Photo Copyright Brigitte Lacombre - Site du Festival de Cannes
Robert De Niro I Photo Copyright Brigitte Lacombre - Site du Festival de Cannes

« Quand on évoque la grandeur au cinéma, le nom de Robert De Niro s’impose comme une évidence. Il a redéfini ce que signifie être acteur. » Peter Travers, Journaliste, critique de cinéma américain

 

Je me souviens encore de cette première fois où j'ai vu Robert De Niro apparaître sur grand écran. C'était dans Mean Streets de Scorsese - sa démarche assurée, son regard intense, cette présence magnétique qui semblait transcender l'écran pour s'emparer directement de nos émotions. Aujourd'hui, alors que le Festival de Cannes s'apprête à lui remettre une Palme d'or d'honneur lors de sa 78e édition, je ressens une émotion particulière à l'idée de voir cet artiste exceptionnel recevoir l'une des plus prestigieuses distinctions du cinéma mondial.




Robert de Niro

L'âme d'un artisan

 

« De Niro possède ce rare don d’être capable de nous montrer ce que son personnage ressent même lorsqu’il essaie de le cacher. » Pauline Kael, critique du cinéma américain (2919/2001)

 

On a souvent réduit De Niro à quelques traits emblématiques : ses transformations physiques spectaculaires pour Raging Bull, son fameux You talkin' to me ?  (c’est à moi que tu parles ?), dans Taxi Driver, ou sa participation à la saga Le Parrain. Mais ce qui me fascine chez lui, c'est cette quête incessante de vérité dans chaque personnage qu'il habite. Car l’acteur n'interprète pas ses rôles - il les vit, les respire, les devient.

 

J'ai eu l'occasion d'observer son processus de travail et en tant que scénariste, ce qui m'a frappé, c'est sa manière d'aborder chaque personnage comme un territoire inconnu à explorer, sans jugement ni préconceptions. Pour lui, la préparation n'est pas une étape technique mais une immersion totale, presque spirituelle. Quand il a appris l'italien sicilien pour Le Parrain II, qu'il a pris 27 kilos pour Raging Bull ou qu'il a obtenu une licence de chauffeur de taxi pour Taxi Driver, ce n'était pas pour la performance, mais pour atteindre cette authenticité rare qui se détache de l'écran.


Robert de Niro dans Raging-Bull I Copyright-Park-Circus-France
Robert de Niro dans Raging-Bull I Copyright-Park-Circus-France

L'alchimie Scorsese

Robert De Niro au-delà de la collaboration

 

« De Niro a cette faculté rare de comprendre l’âme d’un personnage avant même d’en apprendre les répliques. C’est ce qui rend son jeu si authentique. » Martin Scorsese

 

Sa relation avec Martin Scorsese mérite qu'on s'y attarde autrement que par les raisonnements habituels. Je vois, dans cette connexion, une symbiose artistique où chacun a permis à l'autre de se dépasser. De leur première rencontre dans les rues de Little Italy à New York jusqu'aux neuf films qu'ils ont créés ensemble, leur lien présente une exceptionnelle collaboration réalisateur-acteur.

 

Ce qui rend cette relation si particulière, c'est qu'elle transpose le simple cadre professionnel. Scorsese et Robert  De Niro partagent une vision commune du cinéma comme art de vérité, une compréhension presque télépathique des personnages qu'ils explorent. Lorsque je regarde Raging Bull ou Casino, je perçois cette conversation silencieuse entre deux artistes qui se comprennent profondément, qui n'ont pas besoin de longs discours pour communiquer leur vision.

 

« Notre première rencontre à Little Italy a été comme une reconnaissance mutuelle. J’ai su immédiatement qu’il y avait quelque chose de spécial, une connexion qui allait bien au-delà du simple travail. » Martin Scorsese




L'évolution d'un titan

les périodes méconnues

 

La carrière de Robert De Niro est souvent découpée en deux périodes distinctes : l'ère dramatique des années 70-80, puis un tournant vers des comédies plus légères comme Mafia Blues ou Mon beau-père et moi. Cette vision binaire me semble réductrice. Ce qui me fascine, c'est plutôt comment l’acteur a constamment réinventé sa place dans le paysage cinématographique.

Prenons par exemple son travail dans Jackie Brown de Tarantino. Loin des projecteurs qui accompagnaient ses collaborations avec Scorsese, De Niro livre ici une performance subtile, minimaliste, incarnant un ex-détenu intellectuellement limité avec une justesse dévastatrice. Ou encore son rôle dans The Good Shepherd, où il explore les zones grises morales de la fondation de la CIA avec une retenue remarquable.

 

Ces choix artistiques révèlent un acteur qui n'a jamais cessé de prendre des risques, de se mettre en danger, bien loin de l'image confortable d'une star se reposant sur ses lauriers.

 

L'engagement social

Un activisme discret mais puissant.

 

Peu d'article s'attardent sur l'engagement citoyen de l’homme. Pourtant, son implication dans la reconstruction de Tribeca après les attentats du 11 septembre 2001 a transformé tout un quartier de New York. En créant le Tribeca Film Festival, il a revitalisé économiquement une zone dévastée, mais aussi offert une plateforme à des cinéastes émergents du monde entier.

 

Cette dimension de son parcours me touche particulièrement car elle fait la démonstration qu’un artiste peut mettre sa notoriété au service d'une cause plus grande que lui. Sans tambour ni trompette, avec cette discrétion qui le caractérise hors caméra, Il  a concrètement changé la vie de nombreux New-Yorkais et influencé toute une génération de cinéastes indépendants.

   


Robert De Niro et Billy Crystal I Copyright DR
Robert De Niro et Billy Crystal I Copyright DR

L'héritage De Niro

Au-delà de la méthode

 

« Regarder Bob travailler a été comme une master class perpétuelle. Sa capacité à disparaître complètement dans un personnage est inégalée. » Leonardo DiCaprio

 

L'influence de l’acteur sur les générations suivantes est indéniable. De Leonardo DiCaprio à Joaquin Phoenix en passant par Ryan Gosling, nombreux sont ceux qui citent son approche comme source d'inspiration. Mais son véritable héritage me semble plus profond que la simple « méthode » qu'on lui associe souvent.

Ce qu’il a apporté au cinéma, c'est avant tout une éthique du travail d'acteur. Une manière d'aborder chaque rôle avec humilité et curiosité, sans jamais se satisfaire de l'approximation. Cette quête d'authenticité totale a redéfini ce qu'on pouvait attendre d'une performance cinématographique.

 

Quand je revois des scènes comme celle du miroir dans Taxi Driver ou sa transformation en Jake LaMotta vieillissant dans Raging Bull, je suis frappé par cette capacité rare à nous faire oublier l'acteur pour ne voir que le personnage. C'est peut-être là son plus grand tour de force : disparaître complètement derrière ses créations tout en marquant indélébilement notre imaginaire collectif.


Robert De Niro dans Taxi Driver I Copyright DR
Robert De Niro dans Taxi Driver I Copyright DR

À Cannes

Le cercle vertueux se referme

 

Il y a quelque chose de profondément émouvant à l'idée de voir Robert De Niro fouler à nouveau le tapis rouge cannois pour recevoir cette distinction. Le Festival qui a consacré Taxi Driver en 1976 s'apprête à célébrer une icône qui a contribué à façonner l'histoire du cinéma mondial.

Dans ce geste, je vois la beauté d'un art qui sait honorer ses plus grands serviteurs. Je vois aussi la reconnaissance d'un parcours exceptionnel qui a su allier excellence artistique et intégrité personnelle, une combinaison devenue si rare dans l'industrie du divertissement.

 

Robert De Niro va de nouveau gravir les marches du Palais des Festivals, pour le célébrer, mais aussi pour avoir une certaine idée du cinéma : exigeant, transformateur, viscéral. Un cinéma qui, comme cet artiste extraordinaire, ne se contente jamais de la facilité mais cherche inlassablement à nous émouvoir, nous bousculer et nous éclairer sur la complexité de la condition humaine.

 

Et c'est précisément pour cela que cette Palme d'honneur, au-delà du symbole, représente un moment de grâce où l'art reconnaît ceux qui l'ont élevé au rang d'exception.

 

Une Palme d'honneur

Consécration ou nouveau départ ?

 

Je m'interroge, néanmoins sur la symbolique de cette récompense, consécration pour une carrière achevée ou la reconnaissance d'un artiste qui continue d'évoluer ?

 

Je penche pour la seconde option. À 82, il reste étonnamment prolifique et curieux. Son rôle dans Killers of the Flower Moon de Scorsese a montré qu'il pouvait encore nous surprendre, explorant avec une sensibilité rare les mécanismes de la cupidité et du pouvoir. Son projet avec David O. Russell ou sa série Zero Day pour Netflix témoignent d'un artiste qui refuse de s'installer dans le confort.

 

Cette Palme d'honneur me semble donc moins un point final qu'une invitation à reconsidérer l'ampleur de son impact sur le septième art et, peut-être, à anticiper ce que ce géant a encore à nous offrir.

 

« J’ai des sentiments très forts pour le Festival de Cannes, déclare-t-il à l’annonce de la remise de cette Palme d’or d’honneur. Surtout aujourd’hui, alors que tant de choses dans le monde nous séparent, Cannes nous rassemble : conteurs, cinéastes, admirateurs et amis. C’est comme si nous revenions à la maison. » Robert de Niro (Source :Site du Festival de Cannes)


Robert de Niro dans Heat I Copyright DR
Robert de Niro dans Heat I Copyright DR

Robert De Niro

ou l'excellence sans compromis

 

« De Niro ne joue pas un rôle, il l’habite. Il ne récite pas des dialogues, il les pense. » Roger Ebert, journaliste américain (1942/2013)

L'empreinte qu'il a laissée dans le cinéma mondial est celle d'un visionnaire qui a constamment repoussé les limites de son métier. Dans chaque personnage qu'il a incarné réside une part de vérité universelle qui continuera de résonner au-delà de son passage sur la Croisette. Cette célébration cannoise n'est finalement qu'un témoignage modeste face à l'immensité d'une œuvre qui a changé à jamais notre façon de percevoir et de ressentir le septième art.

 

« Je ne pense pas que quiconque ait jamais fait ce que Bob fait à l’écran. Il est unique en son genre. » Al Pacino

 



Palme - Festival International du Film de Cannes
Palme - Festival International du Film de Cannes

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