Boleslove, plus qu’un commerce unique à Paris, c’est un « musée » de la célèbre céramique polonaise de Boleslawiec. D’une technique datant du 16ème siècle, confiée aux mains expertes dans l’estampage ou la peinture, cette céramique, faite avec des produits non toxiques et connue dans le monde entier, a trouvé son antre à Paris, dans le Marais, où vous accueille l’âme des lieux, Irmina Lapa. Quand le talent, la finesse et la robustesse se rencontrent.
Céramique ou porcelaine ?
Il y a de grandes différences. La porcelaine est plus légère, se casse plus facilement et ne va pas au lave-vaisselle. La céramique, faite en argile blanche, est plus solide et « peut aller au four, au micro-onde, au lave-vaisselle ». Finesse et robustesse sont les maîtres-mots, preuve en est la célèbre « plus grande poterie au monde d’une capacité de 2000 litres » fabriquée en 1753 par Johann Gottlieb Joppeg qui défraya la chronique à l’époque.
La céramique de Boleslawiec, un art ancestral
La céramique de Boleslawiec, fabriquée depuis le 16ème siècle, est aujourd’hui comme hier, l’égal de la porcelaine de Limoges ou de Sèvres aux yeux du monde. Tout a commencé par « un travail très brut, des pots sans peinture ». Au 18ème siècle, tous les pays européens se l’arrachent. La technique de l’estampage, petit tampon qu’on applique, parfois plus de mille fois pour une pièce, à la main, minutieusement, décorant, avec patience, le corps de la céramique, apparaît vers la fin du 19ème siècle.
« Il y a une énorme tradition, très longue, très riche de la céramique à Boleslawiec » nous confie Irmina Lapa, patronne de Boleslove, l’unique magasin consacré à la céramique de Boleslawiec à Paris.
« Pour les polonais, cette céramique, c’est un symbole, c’est une icône, pas seulement une tasse ou un mug, c’est l’histoire, la tradition. »
L’histoire de la Pologne respire dans cette céramique, qui dû faire face aux conflits et aux guerres. Boleslawiec, ville du sud-ouest de la Pologne, a longtemps été sous le joug germanique. Située dans la voïvodie de Basse-Silésie, à 120 km à l’ouest de Wroclaw et environ 50 kms à l’est de la frontière germano-polonaise, la céramique, comme la ville, a dû faire face aux destructions. Presque condamnée à disparaître après la Seconde guerre mondiale, c’est l’artiste céramiste polonais Tadeusz Szafran (1886-1955) qui l’a fait renaître de ses cendres en lançant quatre usines de céramiques. Aujourd’hui, elle a retrouvé son aura d’antan et continue, grâce à la nouvelle génération, de prospérer à travers le monde entier.
Une céramique sans produit toxique par une équipe de choc
A Boleslawiec, lors de la fabrication d’une céramique, on utilise uniquement des ingrédients non toxiques. Le talent de l’artiste céramiste est une histoire de magie. Pourquoi le rose devient-il bleu cobalt ? Pourquoi le rouge est si difficile à obtenir ? La couleur est une histoire de cuisson. « Pour le bleu cobalt, la céramiste plonge son œuvre peinte en rose dans l’émail. Ça sèche et ça va, pour la dernière fois, dans le four à 1200°C et ça ressort bleu cobalt. C’est un peu de magie qui se passe ».
Si la majorité des hommes s’occupent du moulage et du travail de l’argile blanche, 95% des femmes, âgées de 20 à 70 ans, s’occupent de la peinture et de l’estampage des céramiques. « Est-ce pour leur patience et leur concentration à ne pas trop bouger, devant rester assise pendant de longues heures ? » La réponse réside dans l’assemblage des talents.
Boleslove, 10 rue du Pont aux Choux 75003 Paris. Tél : 07 88 93 02 61
Le musée de la céramique de Boleslawiec a ouvert en 1953 (le premier musée, inauguré en 1908, fonctionna jusqu’à sa destruction pendant la Seconde guerre mondiale, perdant toutes les collections). Lien du musée : https://www.ceramika-artystyczna.pl/
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