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13 jours, 13 nuits...

  • Photo du rédacteur: Serge Leterrier
    Serge Leterrier
  • 16 juin
  • 6 min de lecture

13 jours, 13 nuits

Un film de Martin Bourboulon

Treize jour sous tension

 

Par Serge Leterrier


« 13 Jours 13 Nuits, c'est le récit haletant d’une des plus incroyables opérations d'exfiltration jamais organisée par la France. C’est aussi l’histoire de femmes et d’hommes aux destins brisés, qui vont tenter de fuir pour survivre… » - Martin Bourboulon


Il y a des films qui, par la force de leur sujet et la justesse de leur mise en scène, s’imposent comme des témoignages nécessaires sur l’état du monde, mais aussi sur la capacité humaine à faire face à l’horreur. 13 jours, 13 nuits appartient à cette catégorie. Dès les premières images, le film de Martin Bourboulon impose une tension palpable, celle d’un compte à rebours inéluctable, mais aussi d’une parenthèse suspendue où chaque minute compte, où chaque regard, chaque silence, chaque geste peut faire basculer le destin de milliers de vies.

Roschdy ZEM, Lyna KHOUDR IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois
Roschdy ZEM, Lyna KHOUDR IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois

« La tension dramatique est constamment palpable, sans jamais retomber. À aucun moment, le spectateur n’est autorisé à respirer – et c’est là une vraie réussite. » - Les Chroniques de Cliffhanger


Ce qui frappe d’emblée, c’est la volonté du réalisateur de s’éloigner du spectaculaire gratuit pour privilégier l’intime, le réel, l’humain. On sent chez le cinéaste un respect profond pour la matière historique qu’il adapte : l’incroyable récit du commandant Mohamed Bida, policier français en poste à l’ambassade de France à Kaboul, qui, au cœur du chaos de la prise de la capitale afghane par les Talibans en août 2021, décide de négocier l’évacuation de près de 3 000 réfugiés, avec l’aide d’Eva, une humanitaire franco-afghane. Il n’est ni film de guerre, ni film d’action au sens hollywoodien du terme : c’est un film de tension, de négociation, de résistance intérieure, et c’est ce qui me touche.


Le choix de Roschdy Zem pour incarner Bida est, à mon sens, l’un des plus beaux atouts du film. Il y a chez cet acteur une densité, une gravité, une autorité naturelle qui passe largement au-dessus du simple jeu pour atteindre une forme de présence brute, cristalline. Mais là où d’autres auraient pu tomber dans la caricature du chef héroïque, Zem laisse filtrer des failles, des doutes, une fatigue qui rendent son personnage infiniment plus humain, plus proche, plus vrai. Son regard, souvent perdu dans le vide ou accroché à celui d’un réfugié, suffit à porter tout le poids de la situation, à rendre palpable la peur, la responsabilité, l’impuissance parfois, mais aussi la détermination à ne pas céder au chaos.


Face à lui, Lyna Khoudri incarne Eva avec une justesse remarquable. Son personnage, oscillant entre la panique et la résolution, incarne la jeunesse prise au piège de l’Histoire, mais aussi la force de l’engagement, la nécessité d’agir quand tout semble perdu. Leur duo fonctionne à merveille, sans jamais tomber dans le pathos ou la surenchère émotionnelle. Martin Bourboulon, d’ailleurs, fait preuve d’une grande pudeur dans sa direction d’acteurs : il ne cherche jamais à tirer les larmes, il refuse le mélodrame facile. Cette retenue, paradoxalement, donne au film une puissance émotionnelle d’autant plus forte qu’elle n’est jamais forcée.


La mise en scène, elle aussi, se distingue par sa sobriété et son efficacité. Là où nous pouvions craindre une surenchère d’effets ou une volonté de rivaliser avec les blockbusters américains,

Affiche
Affiche

« Les scènes de foule sont aussi à saluer. Leur mise en scène est parfaitement exécutée, elles donnent une véritable ampleur à cette situation de crise. On ressent vraiment le poids du monde extérieur, comme un piège dont personne ne peut s’échapper. » -Les Chroniques de Cliffhanger.


le cinéaste choisit la proximité, la caméra au plus près des corps, des visages, de la peur. Les scènes de foule, notamment lors de l’envahissement de l’ambassade, sont d’une maîtrise impressionnante : on ressent physiquement la pression, l’étouffement, l’urgence. Mais jamais le film ne se perd dans le chaos documentaire à la Paul Greengrass, ni dans la grandiloquence d’un Ridley Scott. Il reste sur une ligne de crête, celle du réalisme tendu, du suspense contenu, du drame vécu.


Pourtant, tout n’est pas parfait dans 13 jours, 13 nuits. Le scénario, parfois, cède à quelques facilités, notamment dans le traitement de certains personnages secondaires, comme la journaliste américaine ou la mère d’Eva, qui semblent là pour créer artificiellement de la tension ou des enjeux familiaux. On sent aussi, par moments, la volonté de rendre le film accessible à un public international, quitte à sacrifier un peu de la complexité géopolitique de la situation. Mais ces faiblesses restent secondaires au regard de la réussite globale du film, qui parvient à maintenir l’attention et la tension de bout en bout, malgré une issue que l’on connaît déjà.


« Ce film est l’un des challenges les plus excitants qui m’ait été proposé de relever. D’abord, il y a ce personnage réel, dont le destin va croiser l’Histoire avec un grand H. Il y a ce contexte, d’une intensité, d’un déracinement qui n’ont laissé personne indifférent. Et puis il y a l’histoire dans l’Histoire, celle ici qui nous intéresse, et qui nous raconte comment, au cœur d’un drame de l’histoire récente, quelques personnes ne vont écouter que leur courage afin de sauver le plus grand, avec ce sentiment qu’ils n’ont fait que ce qui leur semblait être juste. Des héros en somme, parce qu’il leur reste l’essentiel : l’humanité. » - Roschdy Zem, acteur principal


Roschdy ZEM IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois
Roschdy ZEM IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois

Ce qui me touche particulièrement dans ce film, c’est sa capacité à rendre compte de l’ambiguïté morale et de la solitude du commandement. Bida n’est pas un héros au sens traditionnel : il doute, il hésite, il négocie avec l’ennemi, il prend des risques insensés, il fait des choix impossibles. Il n’est ni un surhomme, ni un salaud, juste un homme confronté à l’extrême, obligé de composer avec le réel, de s’adapter, de renoncer parfois à ses principes pour sauver des vies. Cette complexité, cette absence de manichéisme, donne au film une belle amplitude, loin des clichés habituels du genre.


Il y a aussi, dans 13 jours, 13 nuits, une réflexion sur le temps, sur l’attente, sur l’usure des nerfs. Le titre même du film, avec son compte à rebours implicite, fait du temps un personnage à part entière. Chaque jour, chaque nuit, est une épreuve, une victoire arrachée à la fatalité. On pense parfois à Argo de Ben Affleck, dans cette manière de construire le suspense à partir d’une histoire vraie dont on connaît l’issue, mais le réalisateur, lui, refuse la dramatisation excessive pour s’en tenir à la vérité nue des faits, à la tension du réel.


Le film, enfin, pose la question de la mémoire et de la transmission. En adaptant le livre de Mohamed Bida, Martin Bourboulon cherche à rendre hommage à ceux qui, dans l’ombre, ont risqué leur vie pour en sauver d’autres. Il rappelle aussi, en creux, la fragilité de nos certitudes, la violence de l’Histoire, la nécessité de rester vigilant face à la montée des périls. Il y a dans ce film une forme de gravité, mais aussi d’espoir : la preuve en est, que, même dans la nuit la plus noire, il reste possible d’agir, de résister, de sauver ce qui peut l’être.

 Lyna KHOUDR IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois
Lyna KHOUDR IICopyright https://www.pathefilms.com/ - Jérôme Prébois

« Le chaos de Kaboul en 2021 n’était pas seulement un événement géopolitique, c’était une tragédie humaine. » - Viral Mag


13 jours, 13 nuits est un film nécessaire. Il ne révolutionne pas le genre certes, il n’est pas sans défauts, mais il touche avec une justesse considérable, il frappe fort, il laisse une empreinte. C’est un film qui, à l’image de son héros, avance sans bruit, sans éclat, mais avec une détermination tranquille et une humanité profonde. Un film à voir, à méditer, à garder en mémoire, comme un rappel que l’Histoire ne s’écrit jamais sans douleur, mais qu’elle peut, parfois, être traversée avec dignité et courage.


« Ce film, en retraçant treize jours décisifs à Kaboul, révèle avec une justesse saisissante comment, face à l’effondrement du monde connu, la détermination de quelques individus parvient à préserver la dignité humaine et à offrir une lueur d’espoir là où tout semblait perdu. » - Serge Leterrier


13 Jours 13 Nuits - Bande-annonce officielle 4K


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