Perfect Days
(Les jours parfaits )
Un film lumineux de Wim Wenders
En lice pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère...
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en chef Diamont-History-Group
Je commencerai l’article en citant le vieil adage qui dit « il n’y a pas de sot métier, Il n’y a que de sottes gens »
Ce film vient crédibiliser cette maxime par la façon de magnifier les journées d’un homme simple qui sait saisir les instants heureux dans une vie qui semble banale. Un film empreint de poésie avec une belle charge émotionnelle.
Perfects days, ce sont les journées de Hirayama un agent d’entretien des toilettes publiques à Tokyo. On suit le mode de vie de ce travailleur qui attire bien notre attention sur ce qu’ on pourrait appeler la routine. Le cinéaste arrive à en tirer quelque chose de magnifique avec des personnages secondaires qui apportent une belle complémentarité au personnage central pour expliquer son existence et son choix de vie.
Tout est dans les non-dits, on devine qu’il vient d’un milieu aisé, avec une bonne éducation et des bonnes manières qui viennent avec.. Ces moindres gestes sont scrutés par la caméra qui capte bien la lumière et le décor naturel.
On arrive à envier la simplicité du personnage
Son habitat est vraiment propre, On a cette sensation d’être là, dans ce petit appartement hyper bien rangé, avec ses livres, ses cassettes. Il aime prendre en photos des arbres qui laissent passer la lumière, il lit des ouvrages, écoute de la musique via ces cassettes d’un autre temps dans sa vieille camionnette. Hirayama est passionné par la musique et le réalisateur en fait un acteur du film, un élément qui s’insère bien dans le narratif de Wenders. On en arrive à envier sa simplicité tant le film nous transporte dans l’univers du personnage avec une belle photographie de Franz Lustig dont on sent la complicité avec le cinéaste,. D’ailleurs, ils ont déjà travaillé ensemble notamment sur les deux derniers films de Wenders« «Perfects days » et un documentaire «Anselm » (en 2023)
Hirayama un personnage qui a fait un choix de vie qu’on respecte
En paix avec lui-même comme s’il s’était totalement éloigné de son passé qu’on présume avec quelques ombres. Sa routine coupée au couteau comme un gendarme quelque part, sera un moment troublé par sa nièce qui, sans prévenir arrive et décide de rester quelques jours. Ce chambardement va nous en dire beaucoup plus sur le personnage. On peut se poser la question, comment le cinéaste en est arrivé à vouloir traiter d’un tel sujet ? Et bien, L’idée de ce film est venu alors que Wim Wenders était à Tokyo, Takuma Takasaki son coscénariste l’y avait invité. Après avoir visité le « Tokyo Toilet Project » (des toilettes publiques) conçues par plusieurs grands architectes dans une esthétique qui s’insère dans la mentalité et l’univers japonais. Il a voulu créé cette histoire autour du quotidien d’un ouvrier japonais nettoyant les toilettes.
Un pari réussi avec un film Magnifique ! Il dépeint la vie de son personnage avec sensibilité et une telle beauté qu’on a l’impression que le cinéaste arrive au bout de sa recherche, lui qui dans sa filmographie a toujours privilégié l’égalité des gens, nous laisse un sentiment que ce film est un aboutissement de son travail, de tout ce qu’il a toujours voulu dire.
D’où vient le nom de son personnage principal et comment ce choix s’est imposé ?
Son personnage Hirayama porte le nom d’un protagoniste du film « Voyage à Tokyo » de son maître à penser le cinéaste japonais Yasujirò Ozu (1903-1963) sur lequel il a fait un documentaire intitulé Tokyo-Ga (1983) dans Perfects days (les jours parfaits) le cinéaste affiche son influence et nous donne un film à l’image de ce cinéaste en guise d’hommage.
Hirayama Magistralement interprété par l’acteur Koji Yakusho (Prix d’interprétation masculine à Cannes )
Celui qui à prime abord est pour certains un banal nettoyeur de toilettes publiques va se révéler être un personnage d’une grande générosité, d’une grande richesse. Sans nous faire la leçon, Hirayama nous apprend que le bonheur ne réside pas là où l’on pense.
Perfects Days ( Les jours parfaits)
Un film d’une grande poésie
Je termine avec une réplique du personnage :
« Il y aura toujours une prochaine fois, le présent c’est maintenant »
Sublime !
durée: 124 minutes
Présenté à Cannes en 2023
Prix d’interprétation masculine Pour l’acteur à Cannes
Prix du jury œcuménique à Cannes
À voir sûrement. Depuis l'État des Choses, Les Ailes du Désir, Tokio Ga, Wenders a toujours démontré un regard sur notre civilisation qui est et demeurera d'une qualité exceptionnelle.
Est-ce l'ÉTAT DES CHOSES, qui m,a fait m'enfuir de l'industrie,,, ça a sûrement agit dans ma petite tête de bleuet exilé.