MAESTRO
Un film de Bradley Cooper
Article de Serge Leterrier
Une histoire d’amour inconditionnel qui unira, dans la complexité des sentiments, le chef d’orchestre Léonard Bernstein (Bradley Cooper) et Félicia Montealegre Cohn Bernstein (Carey Mulligan).
« Maestro » de Bradley Cooper obtient 7 nominations aux Oscars 2024…
« meilleur film », « meilleure actrice » avec Carey Mulligan, « Meilleur acteur » avec Bradley Cooper, « Meilleur scénario original », « Meilleur maquillage et coiffure », « Meilleur son » et « Meilleure photographie ». Résultat le 10 mars prochain.
Pour l’avoir visionné avant d’écrire cet article « Maestro » est dans ses qualités visuelles et dans l’interprétation des acteurs un film à Oscars. Il ne serait donc pas étonnant que ce long-métrage soit largement récompensé, car il transcende son art dans l’esthétique et l’émotion.
« Une œuvre d’art ne répond pas aux questions, elle les provoque ; et sa signification essentielle réside dans la tension entre les réponses contradictoires. » Leonard Bernstein
Cette citation de Léonard Bernstein que Bradley Cooper a utilisé en préambule à son film est une véritable réponse aux ambiguïtés et aux comportements paradoxaux de son auteur. Une inspiration qui va orienter le réalisateur à tracer un portrait intimiste de Lenny (Léonard Bernstein) et surtout s’attacher à sa relation avec Félicia Montelaegre, une actrice chilienne, qui deviendra son épouse et mère de ses trois enfants. 30 ans d’une vie commune pour ce couple atypique où l’amour, malgré les frasques de ce compositeur de génie, rythme le cœur des spectateurs.
« Maestro » de Bradley Cooper est un long métrage respirant la fraicheur du vieil Hollywood (La première partie du film est en noir et blanc) au parfum de comédie musicale tout en insufflant dans les images et l’histoire un véritable vent de modernité (La deuxième partie du film est en couleur) décrivant des personnages attachants et authentiques. Un biopic touchant et émouvant avec cet hommage de Bradley Cooper au compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein. Un hymne à l’amour et profondément empreint d’humanité.
Synopsis
Nommé chef assistant d’Artur Rodziski de l’Orchestre philharmonique de New York, c’est le 14 novembre 1943 que la carrière de Léonard Bernstein a véritablement débuté, lequel a remplacé au pied levé, et sans aucune répétition, le chef de l’Orchestre Bruno Walter, ayant attrapé la grippe. Le public et la critique salueront sa prestation, laquelle l’emmènera vers une renommée instantanée ainsi qu’une carrière toute tracée (il a écrit entre autre la musique de West Side Story). Mais ce récit est surtout orienté sur l'amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein (Bradley Cooper) et Felicia Montealegre Cohn Bernstein (Carey Mulligan). Le portrait émouvant d’une famille qui, malgré les vicissitudes de l’existence et les excès du compositeur, va se retrouver solidaire dans les épreuves liées à la maladie de Felicia...
Bradley Cooper signe avec Maestro son deuxième long-métrage, le premier étant le remake de A Star Is Born (Une étoile est née) avec Lady Gaga qui donne la réplique à l’acteur. Déjà une première réussite dans sa conception, sa musique et son interprétation qui propulse l’acteur Bradley Cooper dans la peau d’un véritable cinéaste.
Pour ce deuxième film le réalisateur/acteur impose un rythme soutenu au récit, histoire de s’adapter au caractère de ce chef d’orchestre expansif, extraverti en trublion spontané qui ne vit exclusivement que pour la musique et ses pulsions, voire dépressions aussi, entrainant dans son sillage Felicia Montealegre interprétée par la magistrale Carey Mulligan assumant son rôle à la perfection en sublimant son personnage.
J’ai suivi ce film comme une véritable symphonie avec ses respirations, ses silences son exaltation, ses crescendos avec des proportions extrêmement vastes orchestrée merveilleusement par Bradley Cooper réalisateur et acteur dans le rôle du chef d’orchestre Léonard Bernstein. La scène qui pour moi fait référence dans ce film est, sans hésiter, celle de la cathédrale d’Ely, en Angleterre, où Bradley Cooper, dans son incarnation de Léonard Bernstein, se transcende en dirigeant un orchestre jouant la Symphonie de la Résurrection de Mahler. Un incroyable hommage à Bernstein, à sa maitrise, à sa carrière toujours en second plan dans le film et aussi à son art, la musique. Impressionnant !
Un chef d’orchestre extraverti doublé d’un compositeur introverti tel était Léonard Bernstein et le film en fait la monstration. L’histoire de Bernstein écrite avec justesse par Bradley Cooper et Josh Singer dans ses excès, dans cette ambivalence provoquée par la bisexualité du chef d’orchestre, son amour pour les personnes qu’il croise, mais aussi pour son public et ses élèves. Cet amour il le distille dans une désinvolture excessive ce qui mettra son couple en danger. Une période qui va faire basculer le film dans un drame inéluctable.
Martin Scorsese et Steven Spielberg étaient initialement pressentis pour réaliser le film (qu’ils coproduisent). Ce long-métrage a été réalisé en accord créatif avec les enfants de Léonard Bernstein (Jamie, Alexander et Nina). Soutenu par Martin Scorsese et Steven Spielberg, qui officient ici tous deux comme producteurs avec Netflix comme distributeur, Bradley Cooper a pu exprimer son talent et ses exigences pour raconter la vie du compositeur de West Side Story… Une véritable réussite !
De l’émotion, des sentiments, une humanité exacerbée ainsi que de belles images, un travail lucide et très soigné, tels sont les ingrédients de ce film. Une grande révélation et surtout un moment étrange où la nostalgie du compositeur arrête soudainement le temps du spectateur. Du grand cinéma.
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