Jouer avec le feu
Un film de Delphine et Muriel Coulin
Un film brûlant de réalité !
Par Serge Leterrier
« Un jour, j’ai dit à ma sœur : si tu faisais n’importe quoi, je te pardonnerai ; quel que soit l’acte, tu resterais ma sœur.’ Mais pour Muriel, cela dépendait de l’acte commis, ce n’était donc pas un amour absolu. » Delphine Coulin : (Source https://cineuropa.org/)
Jouer avec le feu, réalisé par Delphine et Muriel Coulin, est un film poignant qui explore les thèmes de la radicalisation et des dynamiques familiales. Présenté en compétition à la 81e Mostra de Venise, ce long-métrage met en scène Vincent Lindon dans le rôle de Pierre, un père veuf qui lutte pour comprendre et sauver son fils aîné, Fus, de l’influence destructrice d’un groupe d’extrême droite. La performance exceptionnelle de Vincent Lindon lui a valu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine. Adapté du roman « Ce qu’il faut de nuit » de Laurent Petitmangin, le film se distingue par sa capacité à aborder des sujets délicats avec une grande sensibilité et une mise en scène sobre mais efficace.
Pierre, cheminot et père dévoué, est profondément bouleversé lorsqu’il découvre que son fils aîné, Fus, est impliqué dans des activités violentes avec des groupes d’extrême droite. Cette révélation ébranle la relation autrefois harmonieuse entre Pierre et Fus. Pierre, qui a toujours partagé une grande complicité avec son fils sportif et sympathique, se retrouve confronté à un dilemme moral intense. Il doit naviguer entre son amour paternel et son incompréhension face aux choix idéologiques de Fus. La tension monte à mesure que Pierre tente de comprendre et de gérer l’implication de son fils dans ces activités extrémistes, mettant à l’épreuve les liens familiaux et la confiance qui les unissait.
« C’est aussi la question de continuer à aimer. Comment accepter l’autre, continuer à le voir, etc., alors qu’on ne cautionne pas du tout ce qu’il pense et ce qu’il fait ? » Muriel Coulin (Source https://cineuropa.org/)
Le film explore les dynamiques familiales et les défis de la radicalisation dans un contexte social et politique tendu. Ce père doit naviguer entre son désir de protéger son fils et son rejet des idées extrémistes. Cette lutte intérieure reflète les paradoxes de l’amour paternel face à des choix idéologiques incompréhensibles.
Vincent Lindon
« Je crois beaucoup à la culture : c’est ce qui reste quand il ne reste plus rien. » Vincent Lindon
Vincent Lindon est un acteur, réalisateur et scénariste français né le 15 juillet 1959 à Boulogne-Billancourt. Il est reconnu pour ses performances intenses et réalistes. Vincent Lindon a remporté plusieurs récompenses prestigieuses, dont le prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 et le César du meilleur acteur en 2016 pour son rôle dans La Loi du marché.
Il a également joué dans des films notables comme Titane (2021), qui a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes. En 2022, il a été président du jury du 75e Festival de Cannes. Et bien évidement il a reçu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise pour son rôle dans Jouer avec le feu.
Vincent Lindon est connu pour sa capacité à incarner des personnages complexes et pour son engagement envers des rôles socialement et politiquement pertinents. Sa carrière s’étend sur plusieurs décennies, et il continue d’être une figure influente dans le cinéma français.
Delphine et Muriel Coulin
« Dès qu’il y a une aspérité, on a envie de creuser et peut-être d’en faire un film. » Delphine Coulin : (Source https://www.radiofrance.fr/)
Delphine et Muriel Coulin sont des sœurs et réalisatrices françaises reconnues pour leur travail cinématographique engagé et sensible. Originaires de Lorient en Bretagne, elles ont toutes deux suivi des parcours distincts avant de se retrouver dans le monde du cinéma. Muriel a travaillé comme assistante caméra et chef opératrice sur des films de réalisateurs renommés tels que Louis Malle et Krzysztof Kieslowski. Delphine, quant à elle, a coproduit des documentaires pour Arte avant de se lancer dans l’écriture.
Ensemble, elles ont coréalisé plusieurs films, dont 17 Filles et Voir du pays, qui ont été bien accueillis par la critique. Leur dernier film, Jouer avec le feu, comme nous l’avons vu, explore les dynamiques familiales et les dilemmes moraux face à l’embrigadement idéologique. Les sœurs Coulin sont également membres du collectif 50/50, qui promeut l’égalité des sexes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.
Leur travail se distingue par une approche réaliste et une grande sensibilité aux enjeux sociaux et politiques contemporains.
« Dès qu’il y a une aspérité, on a envie de creuser et peut-être d’en faire un film. » Delphine Coulin : (Source https://www.radiofrance.fr/)
Un film brûlant de réalité
Pour conclure, le film Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin, présenté à la 81e Mostra de Venise, explore avec finesse les dynamiques familiales et les dilemmes moraux face à cette situation. La mise en scène réaliste et les performances des acteurs soulignent les paradoxes de l’amour paternel et fraternel dans un contexte de confusion idéologique. Les réalisatrices ont dû jongler entre une représentation authentique des relations familiales et l’exploration de thèmes politiques, tout en évitant les caricatures et les simplifications excessives. En outre, diriger les acteurs pour qu’ils incarnent des personnages complexes et nuancés est chaque fois un challenge, nécessitant une direction précise et une compréhension approfondie des motivations et des émotions de chaque personnage.
N’ayant pas vu le film, sinon le pressentir à travers la sensibilité des deux réalisatrices, je présume que dans un tourbillon de désillusion et de trahison ambiante, l’amour familial vacille, laissant place à une lutte déchirante entre espoir et désespoir. Chaque révélation, plus sombre que la précédente, menace de briser à jamais les liens sacrés qui unissent la famille, tandis que l’ombre du doute plane, prête à tout engloutir. Pourtant, au cœur de cette tempête, une lueur d’espoir persiste, rappelant que même dans les moments les plus sombres, l’amour et la rédemption peuvent encore triompher.
« On ne va plus au cinéma pour s’échapper, mais pour voir la vraie vie. » Vincent Lindon – (source Le Figaro, le 19 mai 2015)
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