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Photo du rédacteurSerge Leterrier

Chronique de Cannes 4

Chronique de Cannes 4

La croisette sous électrochoc


Par Serge Leterrier


« Tous les ans, au Festival de Cannes, les vedettes impalpables quittent la pellicule. Et s'offrent au regard des mortels. » Edgar Morin

 

La Croisette est en effervescence pour une semaine encore. Un véritable électrochoc pour le 7e art, réveillant le meilleur du cinéma international. Une nuée ardente traverse chaque année le ciel de Cannes, dans le glamour, les strass et les paillettes, offrant au public une myriade de stars devenues, dans la magie de l’instant, palpables. Cet extraordinaire rassemblement professionnel inspire certains, glorifie d’autres et déçoit ceux qui n’ont pas atteint leurs espérances. Une frénésie annuelle qui galvanise cette industrie cinématographique, laquelle subit actuellement des soubresauts multiples… Peut-être un signe de mutation et de changement profond.


Photo Willem Dafoe, Margaret Qualley, Jesse Plemons dans le film Kinds of Kindness - Copyright Searchlight Pictures

Kinds of Kindness 

De Yorgos Lanthimos

 

Présenté, vendredi 17 mai  et en compétition officielle au 77e Festival de Cannes, le film “Kinds of Kindness” s’affiche comme un candidat sérieux à la Palme d’or. Sa sortie officielle en France est prévue pour le 26 juin 2024.

 

Synopsis - Kinds of Kindness est une fable en triptyque qui suit : un homme sans choix qui tente de prendre le contrôle de sa propre vie ; un policier inquiet parce que sa femme disparue en mer est de retour et qu'elle semble une personne différente ; et une femme déterminée à trouver une personne bien précise dotée d'un pouvoir spécial, destinée à devenir un chef spirituel prodigieux.


« Nous voulions que ce soit compliqué pour le spectateur de s’identifier aux personnages, c’était notre point de départ, et nous l’avons enrichi de trois histoires. »

 

Le long métrage de Yorgos Lanthimos explore les tourments de trois psychopathes, plongeant le spectateur dans un univers dérangeant et fascinant où la gentillesse du titre joue au grand méchant look !

 

Au casting, l’actrice doublement oscarisée Emma Stone, déjà collaboratrice du réalisateur sur Pauvres créatures, incarne l’un des personnages clés. Le titre, Kinds of Kindness, ne doit pas tromper : derrière cette apparence de “gentillesses” se cachent des histoires complexes, où les psychopathes peuvent être vous et moi.

 

Le cinéaste nous livre ici un choc mental et visuel. Le récit, articulé autour de trois chapitres, débute comme un tourbillon, mais Kinds of Kindness va plus loin, entrainant public et critiques dans une opacité anxiogène.

 

Cette comédie noire, née dans l’esprit du cinéaste grec, est nourrie par sa confiance en Emma Stone, qui l’inspire à sortir des sentiers battus et à explorer des situations inconfortables.

 

« Quand vous faites confiance à quelqu’un, ça vous pousse aussi à vous dépasser, à aller faire des situations moins confortables pour vous-même, Emma Stone me donne énormément d’idées auxquelles je n’avais pas songé, avec elle je ne reste pas coincé dans mon scénario » confiera Yorgos Lanthimos au micro de Europe1 (Source : https://www.europe1.fr)


Kinds of Kindness est un film inclassable, déstabilisant et troublant qui ne laisse pas insensible. Pour nombre de critiques la durée du film semble trop long comme l’écrit le magazine Première – « Impossible, cependant, de s'empêcher de se dire que sa durée de 2 h 45 tire de façon absurde sur la corde. » (Source : https://www.premiere.fr/)

 

Yorgos Lanthimos prépare déjà son prochain film, promettant de nous surprendre à nouveau.


Photo – Zoe Saldana , Karla Sofía Gascón - Copyright Saint-Laurent Productions et aussi Why Not Productions – Pathé Films - France 2 Cinéma

Emilia Perez

De Jacques Audiard

 

« Un film qui ne gonfle pas ses muscles mais ouvre les cœurs. » Thierry Cheze – Magazine Première (https://www.premiere.fr/)

 

L’histoire

 

Surqualifiée et surexploitée, Rita (Zoe Saldaña – Les Gardiens de la Galaxie, Avatar)  use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas, Emilia Perez/Juan "Small Hands" Del Monte (Karla Sofía Gascón)  à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

 

Un parfum de Palme d’Or

 

Emilia Perez,  bouscule la croisette, qui depuis le début découvre des œuvres mitigées, malgré les qualités et le talent de leurs réalisateurs. Pour le long métrage de Jacques Audiard la planète cinéma n’est plus divisée, au contraire, elle est plutôt exaltées de la magnificence de ce film à travers son histoire, l’incarnation des personnages et le transfuge des codes que le cinéaste a su mettre en place. Effectivement Emilia Perez a fait sensation lors de sa première, samedi soir, si bien qu’après sa projection le film à été accueilli par une ovation de 9 minutes, incroyable !

 

Incroyable comme le sujet abordé dans cette pépite cinématographique.  Un film ou plutôt une comédie musicale sous la forme d’un thriller se déroulant au sein d’un cartel mexicain mettant en exergue la transition transgenre du personnage principal (Emilia Perez), ce qui n’est pas rien en termes de cinéma. La mise en scène du français Jacques Audiard est d’une justesse, d’une efficacité et d’une précision chirurgicale. Cette précision que nous retrouvons dans les détails de la gestuelle voulue par le  chorégraphe franco-belge, Damien Jalet Une œuvre qui malgré les clins d’œil voulus par le réalisateur, nous éloigne complètement des films musicaux américains comme West Side Story, voire  Lalaland. Le cinéaste ne voulait pas que la danse s’inscrive dans le film comme telle,  mais qu’elle se diffuse au cœur et au corps des personnages formulant la trame d l’histoire…

 

 

Ce film qualifié de chef d’œuvre par une partie du public et des critiques a non seulement mis en lumière des questions importantes sur l’identité de genre et la libération trans, mais il a également démontré le talent exceptionnel de Jacques Audiard en tant que réalisateur. Il ne fait aucun doute que ce film restera dans les mémoires comme l’un des points forts du 77e Festival de Cannes avec ce parfum de Palme d’Or qui se diffuse sur la Croisette.

 

Images ©France 3 - Suivez toute l'actu du 77ᵉ Festival de Cannes sur http://francetvinfo.fr



Emilia Perez

Un film de Jacques Audiard

Musique : Camille et Clément Ducol

chorégraphie : Damien Jalet

Supervision musicale : Pierre-Marie Dru

Production : Jacques Audiard, Pascal Caucheteux, Valérie Schermann et Anthony Vaccarello

Sociétés de production : Why Not Productions ; France 2 Cinéma, Page 114, Pathé Films, Pimienta Films et Saint Laurent Productions (coproductions)

Société de distribution : Pathé (France)


Standing Ovation, images ©Festival de Cannes - Subscribe to the Festival de Cannes channel: http://bit.ly/FestivaldeCannes-YouTube Our official website: http://www.festival-cannes.com 



 

 

 

 

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1 則留言


訪客
5月20日

Emilia Perez, un film magistral et une véritable leçon de cinéma. Merci pour vos chroniques

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