Nous, les Leroy
Mi-doux, mi- amer une belle partition pour Charlotte Gainsbourg et José Garcia
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef et Directrice du développement Diamont History group
Nous, les Leroy premier film de Florent Bernard, nous plonge dans l’univers d’un couple usé par le temps. Sandrine et Christophe ont deux adolescents presque en âge de quitter la maison. Sandrine veut divorcer mais c’est le choc pour Christophe qui veut donner à sa famille une seconde chance en organisant un week-end qui fera appel aux souvenirs. Dans cette quête de la nostalgie, on nous présente la réalité d’un couple au quotidien. La famille Leroy est comme n’importe quelle famille avec des ados ayant leur propres préoccupations et qui doivent faire face à la séparation des parents.
Charlotte Gainsbourg magnifique dans ce rôle elle dit de son personnage :
« Elle n’ose pas faire et assumer un choix qui est pourtant dans sa tête depuis longtemps. Elle est un peu à la masse et tournée sur elle-même une bonne partie du film parce qu’elle est, sans s’en rendre compte, en dépression depuis de longues années. Les sentiments se sont détériorés petit à petit et inexorablement. En vingt ans de mariage il y a peut-être eu dix ans de bon et dix ans de déclin.» ( Extrait dossier de Presse)
Le réalisateur fait un récit de la vie courante dans un mélange de drame et de comédie. Il a opté pour ce parti-pris afin d’étaler une réalité bien actuelle tirée de son propre vécu. Un fait divers transformé en un moment doux amer. Sandrine n’a plus envie de vivre cette relation, elle ne l’aime plus. Et elle lui dit, mais lui n’entend pas, il compte sur cette escapade pour préserver les liens, elle lui dit « Je ne veux pas vivre toute seule avec toi, Je veux être heureuse… » cette seule phrase de Sandrine indique le mal être du couple. Lui il est dans le déni et sort des phrases que quiconque s’est séparé a déjà entendu. Mais il ne fait pas la dissection du couple, pour lui les souvenirs vont la ramener. Christophe a un concept particulier de la famille et ses tentatives sont maladroites. Même si la tendresse demeure entre les deux l’usure du temps a trop entamé leur relation amoureuse.
José Garcia est à la hauteur dans ce duo concocté par Florent Bernard. Il offre une prestation juste du personnage pour lequel il a cette réflexion :
« Contrairement à ce que je suis dans la vie, Christophe est dans la nostalgie, dans le passé, donc pas dans le présent et encore moins dans l’avenir et je connais beaucoup de gens, y compris des amis proches, qui lui ressemblent et qui ont gardé́ une vraie nostalgie de leur adolescence par exemple. Donc c’est comme ça que je l’ai abordé́, comme un mec passéiste qui ne construit rien aujourd’hui parce qu’il croit que tout était mieux avant. C’est un looser magnifique mais ce que j’aime chez lui c’est qu’il a une vrai détermination, il essaye. Je l’ai imaginé́ comme un Don Quichotte moderne et comme je n’aurai jamais la chance d’incarner ce héros qui bataille contre les moulins, j’ai tout mis dans Christophe » (Extrait Dossier de presse)
Le propos quoique trop chargé de petits clichés nous décroche quelques rires. C’est un film que le public va sûrement adoré pour son parfum au goût du jour. Les situations s’enchaînent dans une construction déconcertante de dialogues parfois décalé mais le réalisateur trouve toujours un tournant pour se rattraper dans cette comédie dramatique.
Dans le dossier de presse il dit:
« Je n’ai pas voulu distribuer des bons et des mauvais points. Il n’y a pas de fautif. Juste les choses de la vie qui se sont étiolées. Christophe n’est pas responsable de tout. C’est pour cela que je l’ai voulu en forme, pas dans le laisser aller, plutôt gentil. Et en même temps je ne voulais pas cacher ses défauts : il est parfois cruel, colérique, égoïste et disons-le, franchement con. Mais c’est surtout la situation entre eux est devenue tendue en permanence. Il y a dans ce couple un essoufflement qui asphyxie Sandrine. Elle doit aussi affronter la perspective de se retrouver en tête à tête avec lui, puisque les enfants vont quitter le nid, et elle panique à cette idée. Elle n’en veut pas.»
Un chemin tracé vers ce premier film
Florent Bernard, connu aussi sous le nom de FloBer a scénarisé et réalisé près d'une vingtaine de sketchs en tant que membre du collectif Golden Moustache de 2012 à 2016. Pendant ce temps il fait son entrée en tant que monteur-stagiaire au Golden Show de François Descraques, il écrit et réalise l’émission Golden Short. Il travaillera jusqu’en 2016 comme auteur de la série Bloqués sur Canal +. Il signe en 2018 deux séries pour la plateforme YouTube Premium : Groom, dont il est le Co créateur et scénariste de plusieurs épisodes, et deux épisodes de la série Les emmerdeurs, suivra en 2019, la coscénarisation de La Flamme avec Jonathan Cohen et Jérémie Galan pour la chaîne Canal+ (adaptation de la série américaine Burning Love). Il signe aussi la bande-dessinée Ollie et l'Alien aux éditions Delcourt, dessinée par David Combet. En 2022, deux co-écriture le film Jack Mimoun et les secrets de Val Verde avec Malik Bentalha et Tristan Schulmann et Vermines avec Sébastien Vaniček qui le réalise. Il est aussi question d’une nouvelle collaboration de Co scénarisation pour le prochain film de la saga d'horreur Evil Dead (Warner)
Florent Bernard pour un premier film a atteint son but avec un casting crédible. Lily Aubry et Hadrien Heaulné incarnent à merveilles les enfants du couple Loreleï et Bastien. Une belle partition pour Charlotte Gainsbourg et José Garcia. Un film sur la dérive des sentiments.
Propulsé par AZ Films Nous, les Leroy sort en salles au Québec ce vendredi...
Comments