Le Roman de Jim
De Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Une histoire qui se déroule comme un roman ciselé dans le bel art !
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef et Directrice du développement Diamont History Group
Adapté du livre de l’auteur Pierric Bailly, Le Roman de Jim est un film surprenant ; on embarque tranquillement dans l’histoire comme on rentre dans une forêt, en se laissant aller pour découvrir ce qui nous attend au gré du moment.
C’est le point de vue d’Aymeric (Karim Leklou) qui par hasard, rencontre une ancienne collègue, Florence (Laetitia Dosch) ; elle est célibataire et enceinte de six mois. Ils se mettront en couple ; Jim naît et les trois vivent une vie de famille heureuse jusqu’au jour où le père naturel, Christophe (Bertrand Belin), fait surface et chambarde toutes les certitudes d’Aymeric.
Le sujet est assez simple, mais il est accrocheur et touche ; on s’identifie aux personnages. Les réalisateurs ont su traiter la question de la paternité en empruntant le chemin de la tendresse. Même si socialement c’est une charge, on le détecte entre les lignes au fil du propos. De dire que le géniteur n’est pas nécessairement le père, c’est un point de vue intéressant de la revendication de la paternité.
Arnaud Larrieu nous dit à ce propos :
« C’est lui qui choisit ses moments, donc les moments, ils sont assez simple, finalement ; la rencontre avec Florence, c’est simple ; la naissance de l’enfant, les premiers pas, tout est assez simple, c’est la vie». Au début, il y avait des notations sur le temps, la saison, les années vraiment les trois indications. C’est comme des échafaudages, c’était assez précis. C’est une histoire d’ellipse et de fluidité comme dans la vie.»
C’est l’auteur Pierric Bailly qui, en premier, a fait les approches auprès du duo de réalisateurs. Et ce qu’ils nous en ont fait est un récit de la vie d’un personnage qui se construit au jour le jour. Ils ont réussi à trouver la musique de cette vie qui l’anime au quotidien.
« D’abord, il y avait le milieu géographique ; on aime bien les films qui se déroulent en montagne, et dans le Jura, ce qui est intéressant, c’est un endroit sociologique où on peut voir des ouvriers, qui le soir, remontent à la montagne Les allées et venues entre la nature, comme s’il y avait une sorte de beauté. les gens après le travail, ils sont à la montagne il y a une belle lumière, ça c’est la beauté géographique. Après, on aimait bien la manière dont il parlait des gens qui n’ont pas nécessairement de programme préétabli, qui rentre comme ça dans la vie. Il y a des choses qu’on aime bien faire et qu’on n’a jamais fait, c’est vrai qu’on a jamais fait un récit en 25 ans comme ça. C’est un peu un pari » nous dit - Jean-Marie Larrieu.
Force est de constater que l’espace-temps n’a pas été un accroc au propos. Les réalisateurs maîtrisent bien les ellipses.
Une histoire simple et forte en même temps dans sa démarche émotionnelle de l’amour paternel, de cet homme qui s’est dévoué pour cet enfant et qui ne sait pas ce qui l’attend au bout du chemin. Tout doucement, le film soulève une question cruciale de l’identité et de l’empreinte. C’est un film de tendresse, d’amour ; ça fait du bien. L’acteur Karim Leklou, avec un jeu extraordinairement naturel, nous envoie une autre image du genre masculin.
Qu’est-ce qui a intéressé l’acteur dans ce personnage ?
« Ce qui m’a intéressé, c’était le portrait d’un homme sur 25 ans, ils ont réussi à faire quelque chose que de présenter ce portrait, de mettre aussi en avant un homme qu’on voit très peu au cinéma, un homme doux, un homme gentil qui est enfin un personnage principal. J’’aimais beaucoup l’universalisme de la question de la paternité, comment il a été traitée avec intelligence dans le film. Ça en faisait beaucoup déjà : un scénario très fort, très émouvant, et puis la collaboration avec ces deux réalisateurs et mes partenaires de jeux. c’était quelque chose d’être avec des acteurs que j’aimais bien, j’avais envie de jouer avec eux. »
Dans le film, rien n’est prévisible, on s’attend à tout moment un drame qui n’arrive pas. La dissection du temps et de l’espace nous ramène à des réalités de la vie tout court. Le personnage d’Aymeric est fort, on sent son désarroi, ses déchirements mais il encaisse en restant lui-même, un homme complexe mais d’une grande tendresse. Cela amène un autre point de vue sur la paternité.
« On aime la nature, on aime les acteurs ; on a fait des études de philo, c’est pas qu’on applique la philo au cinéma mais voilà, pour dire que les choses sont mystérieuses les rapports humains, les histoires, et ça nous passionne dans un cadre cinématographique, plutôt que de trouver du mystère aux choses, plutôt que de les résoudre. On s’est dit : c’est peut-être le moment parce que en tant que deux garçons, deux frères, c’était pas mal aussi de le proposer. De dire : Il y a aussi ce genre de garçons qui sont assez peu représenté dans le cinéma ». JML
Karim Leklou est une révélation
Lui qui a à son actif une trentaine de rôles dans différents longs métrages incarne aussi un médecin légiste dans la série Hippocrate pour Canal+, qu’on pourra voir bientôt au Canada. Une série à saveur socio-politique autour de l’hôpital public en France. Sujet qui trouvera sûrement écho au Québec. Il fera aussi partie de la distribution du prochain film de Quentin Dupieux.
Quant aux deux réalisateurs Arnaud et Jean-Marie Larrieu, ils s’attaqueront à un autre roman du même auteur, « La Foudre » qui met en scène un berger ; ce sera tourné dans les Pyrénées. Tous les personnages du roman changeront de genre : « C’était un berger et là ce sera une bergère. On va adopter un point de vue féminin, en espérant tourner dans un an et en 2027 on verra le film. » nous dit-on
Le Roman de Jim : Un film à voir
Présenté en sélection officielle à Cannes, Première en mai dernier, Le Roman de Jim a eu un très bon accueil comme film de clôture au 30e Festival Cinémania à Montréal.
Tous les sentiments s’enchaînent avec émotion et tendresse, même quand la relation dans le couple est sur le fil du rasoir. Une histoire de la vie ciselée dans le bel art.
Propulsé par K Films Amérique, le film sortira en salles le 22 novembre.
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