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ANNECY FESTIVAL

  • Photo du rédacteur: Serge Leterrier
    Serge Leterrier
  • 2 juin
  • 3 min de lecture

ANNECY FESTIVAL

Festival international du film d'animation d'annecy

La ville  où l'animation révèle son âme

 

Du 8 au 14 juin 2025

 

De Serge Leterrier

 

« Le Festival d'Annecy est une célébration de l'animation et de son potentiel infini. J'ai voulu créer une affiche qui capture non seulement un moment d'effervescence, mais évoque aussi un sentiment de magie et d'émerveillement. » Raman Djafari, créateur de l'affiche 2025

 

Chaque début d'été, une métamorphose s'opère au cœur des Alpes françaises. Annecy, cette cité lacustre aux canaux scintillants, se mue en un laboratoire créatif où l'imaginaire prend forme sous nos yeux émerveillés. Le festival qui s'y déploie dépasse le cadre habituel des rendez-vous culturels pour devenir une véritable célébration de l'art du mouvement.


Arcane - L'Exposition événement dans le cadre du Festival d'Annecy 2025,
Arcane - L'Exposition événement dans le cadre du Festival d'Annecy 2025,

Dans les ruelles pavées où résonnent habituellement les pas mesurés des touristes, surgissent des créatures fantastiques dessinées à la craie, des projections murales qui transforment les façades médiévales en toiles animées. Cette collision entre patrimoine architectural et modernité numérique crée une alchimie particulière, comme si le temps lui-même acceptait de jouer avec ses propres règles.


L'animation révèle ici sa nature profondément subversive. Loin des clichés qui la cantonnent au divertissement enfantin, elle dévoile sa capacité à explorer les territoires les plus intimes de l'existence humaine. Les courts-métrages programmés osent aborder la mort, l'amour impossible, les traumatismes sociétaux avec une délicatesse que le cinéma traditionnel peine parfois à atteindre. Le trait de crayon, le pixel, la pâte à modeler deviennent autant de langages poétiques capables de dire l'indicible.


Cette semaine annécienne agit comme un révélateur des mutations profondes qui traversent notre époque. Les frontières entre techniques s'estompent : l'intelligence artificielle dialogue avec l'artisanat traditionnel, la réalité virtuelle côtoie le papier découpé. Cette hybridation permanente reflète notre rapport contemporain à la création, où l'authenticité ne réside plus dans la pureté des moyens mais dans la sincérité du propos.


Les rencontres fortuites constituent l'âme véritable de ces journées. Dans la file d'attente d'une projection, se nouent des conversations improbables entre un étudiant toulousain passionné de stop-motion et un réalisateur japonais expérimentant avec les nouveaux logiciels. Ces échanges informels tissent un réseau invisible mais palpable, une communauté éphémère unie par la fascination commune pour l'image animée.


Le public lui-même devient acteur de cette effervescence créative. Enfants et adultes se retrouvent côte à côte, partageant la même stupéfaction devant une séquence particulièrement audacieuse. Cette égalité face à l'émerveillement me pousse à dire que l'animation conserve intacte sa capacité à réconcilier les générations autour d'un langage universel.


L'aspect compétitif du festival, bien que structurant, semble parfois secondaire face à cette dimension collaborative. Les réalisateurs en lice partagent généreusement leurs techniques, leurs doutes, leurs découvertes. Cette générosité professionnelle tranche avec l'âpreté habituelle des milieux artistiques, suggérant que l'animation préserve quelque chose de l'esprit ludique qui préside à sa création.



Au-delà des projections officielles, Annecy devient un terrain d'expérimentation grandeur nature. Les installations interactives transforment l'espace urbain en playground numérique où les passants activent involontairement des séquences visuelles. Ces interventions questionnent notre rapport à l'image animée. Nous devenons co-créateurs de ces œuvres éphémères.

La dimension économique, bien que présente, ne parvient jamais à étouffer complètement la spontanéité créative. Les marchés du film côtoient les projections sauvages, les négociations commerciales alternent avec les performances improvisées. Cette coexistence révèle la maturité d'un secteur qui a su préserver son âme artistique tout en développant ses structures professionnelles.

L'empreinte internationale du festival dessine une alternative du monde contemporain. Les productions venues de contrées où l'animation demeure marginale révèlent des sensibilités inédites, des approches esthétiques qui bousculent nos références occidentales. Ces découvertes géographiques enrichissent notre compréhension des enjeux culturels planétaires..

Cette année, je ne pourrai pas me rendre à Annecy pour vivre cette effervescence créative, mais cette absence même m'amène à réfléchir autrement à ce que représente ce festival : une célébration de l'imagination qui traverse les frontières géographiques en nous rappelant  que l'animation vit aussi en nous, dans nos rêves nocturnes, nos souvenirs qui rejouent leurs séquences favorites, nos projets qui se dessinent et se redessinent au fil des jours. Peut-être cette distance forcée me révèle-t-elle une vérité essentielle, celle que l'esprit d'Annecy ne se limite pas à une semaine dans les Alpes, mais irrigue toute l'année notre façon de percevoir le monde comme un terrain de jeu infini pour l'imaginaire. Au fond, ne pas pouvoir y être physiquement me permet de penser que l'animation la plus précieuse est bien celle qui continue de vivre en nous, bien après que les dernières projections se soient éteintes.

Festival International du Film d'Animation d'Annecy du 8 au 14 juin 2025, Pour en savoir plus :  https://www.annecyfestival.com/

 


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