American Fiction
( Fiction Américaine )
De Cord Jefferson
Un discours social sur fond de satire
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en chef des Magazines Diamont History Group
En nomination dans cinq catégories aux Oscars, ce film est une adaptation du livre ERASURE de Percival Everett. Il dépeint une réalité en rapport avec la perception qu’on a en général sur la communauté noire. C’est l’histoire de Thelonious Monk Ellison incarné par Jeffrey Wright. Pour l’establishment, les récits de l’écrivain ne sont pas assez collés à la réalité des noirs. Monk est frustré de voir que tout ce qui intéresse les lecteurs sont des histoires à sensation dont le noir a toujours mauvais rôle. Il décide alors de faire un test, il va écrire un livre sous le pseudonyme de Stagg R. Leigh jusqu’à lui inventer une biographie fictive d’ ex prisonnier. Il parle à son agent du contenu de son ouvrage « il y aura du Crack, des rappeurs, les papas seront des mauvais payeurs…». Bref avec tous les stéréotypes qui le révulse. L’agent va rapidement trouver un éditeur à sa grande surprise. Pris à son propre jeu, l’auteur est horrifié lorsque le projet devient un succès fulgurant. Monk est alors obligé de faire face aux conséquences des retombées qui en découlent tout en jonglant avec de nombreuses urgences familiales dont la santé de sa mère, la perte de sa sœur, une relation amoureuse naissante.
Monk Un personnage attachant!
Dans ce film il y a une palette étendue pour Jeffrey Wright. Le scénariste Lui a donné une diversité de changement de jeu intéressant qui nous permet de voir toute l’ampleur du talent de l’acteur. Il incarne avec intériorité un personnage complexe qui se questionne beaucoup sur sa vie.
Même si c’est une histoire insérée dans une famille noire, les similitudes, avec n’importe quelle famille, sont criantes de vérité. L’acteur en tant que personne est foncièrement attaché à des valeurs familiales dans sa vraie vie, et ça transpire dans son personnage. Je me souviens d’une de ses phrases lors d’une rencontre au American Pavillon au dernier Festival de Cannes ce qui nous ramène à l’humain en arrière de la Star. Il disait :
« Le plus grand changement dans ma vie est quand je suis devenue père, mon fils a aujourd’hui 21 ans, ma fille 17 ans, et ça a changé ma manière de travailler. Je n’étais plus libre comme avant. Je ne voulais pas trop m’éloigner de la maison et si c’était un salaire convenable avec quelques semaines de tournage, je préférais cela au lieu de passer six mois loin »
À certains égards, je crois que Monk est plus proche de l’acteur qu’on ne pense dans son humanité, et c’est cet ingrédient que Wright a apporté dans ce film pour en faire un personnage d’une vérité troublante. En nomination pour ce rôle dans la catégorie meilleur acteur. Une formidable performance.
Autour de Monk, dans cette famille il y a aussi son frère chirurgien plasticien Cliff récemment divorcé qui fait son coming out un peu tard, il menait une vie parallèle en étant marié. Un clin d’oeil qui s’insère bien dans le propos sans faire office de clichés et permet au protagoniste de porter ce personnage avec une proposition intelligente. La présence quoique courte (sa durée à l'écran) nous marque et en fait un rôle de grandeur. Sterling K Brown (en nomination dans la catégorie meilleur rôle de soutien) touche dans ce film à un genre de rôle dont on n’avait pas l’habitude de le voir.
Une réalisation sobre
Cord Jefferson a eu une carrière de journalistes durant des années pour différentes publications. Auteur de séries tel que Master of one (netflix2017) en tant que Réalisateur c’est son premier film qu’il signe avec brio et sobriété dans une belle adaptation pour laquelle il est en lice aux Oscars. Les acteurs sont brillants, les relations entre les personnages sont crédibles.
Le film a récolté cinq nominations aux Oscars
Meilleur film, Meilleur acteur, Meilleur rôle de soutien, Meilleure adaptation, Meilleure musique.
Avec entre autres : Leslie Uggams, John Ortiz, Erika Alexander, Tracee Ellis Ross, Adam Brody, keith David
Durée 117 minutes
Je termine en disant comme le personnage principal d’un autre film :
« La perception doit changer! la réalité socio-culturelle du monde étant bien différente aujourd'hui… » .
Mais force est de constater ce n’est pas en chialant et en voulant tout bannir que ça se fera mais bien avec des récits édifiants comme dans cette comédie satirique qui amène une belle réflexion.
American Fiction Une satire qui raconte une réalité sur la façon dont des histoires sur les personnes de couleurs sont racontées.
On sera devant nos écrans le 10 mars pour la 96e cérémonie des Oscars!
- Pourquoi pleures-tu ?
- Parce que c'est toujours comme ça à la fin ! Je suis faite pour la rencontre, pas pour la séparation... Citation tirée d'un https://dpstream.onl film.....