5 septembre
Un Tim Fehlbaum Magistral !
Une date, une mémoire !
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef et Directrice du développement Diamont History Group
Un film qui est fort à propos à l’heure où il n’y a plus de filet ni de limite entre ce qui est convenable ou non de montrer à la télévision. En plus d’être un film constat d’une tragédie qui s’est déroulée au moment où le monde entier était en liesse devant tous les talents sportifs du monde. 5 septembre nous rappelle que la terreur peut frapper n’importe où et n’importe quand. Près d’un milliard de téléspectateurs ont suivi cette tragédie en direct.

Lors d’une entrevue le réalisateur dit:
« J’espère que ce prisme historique va donner envie au public de réfléchir а la façon dont nous consommons l’information aujourd’hui »
5 septembre raconte cette journée où tout a basculé lors des jeux olympiques de 1972 en Allemagne alors que 2 athlètes israéliens sont assassinés dans le dortoir au village olympique où ils étaient et 9 sont enlevés par des terroristes palestiniens et ils seront eux aussi exécutés à l’aéroport de Munich. Alors que ABC équipe sport est en train de couvrir les jeux, ils vont se retrouver au cœur de la tourmente avec des caméras qui filment cette tragédie et retransmettront la nouvelle au monde entier alors sous le choc. L’histoire nous est raconté du point de vue des médias. À la manière d’une docu-fiction sans en être un documentaire.

Une journée Terrifiante
Alors que le producteur de télévision Geoffrey Mason (John Magaro) arrive pour se préparer avec son équipe, les préparatifs sont interrompus par des coups de feu non loin d’eux, ils vont vite se rendre compte que c’est au village olympique. Il devra composer avec cet évènement tragique même s’il est encore novice dans le domaine. Il coordonne les journalistes, et les caméramans et devra tenir compte des enjeux confrontés à ce jour sombre des Jeux olympiques. Si au départ c’est la seule équipe à couvrir l’évènement, très vite ABC Etats-Unis voudra prendre le relais mais le patron Roone Arledge ( Peter Sarsgaad) refuse et décide de faire confiance à l’équipe locale qui tiendra l’antenne près de 24 heures.
Ces jeux qui étaient les premiers après Hitler et qui devaient montrer une Allemagne sous un autre jour avec comme invités des athlètes israéliens et faire oublier les jeux olympiques de 1936 organisés par les nazis sont devenus les jeux de la terreur qui marqueront à jamais les esprits et resteront dans la mémoire des historiens comme un acte précurseur du terrorisme international par ce groupe dénommé Septembre Noir.
Intense, troublant
Le film 5 Septembre de Tim Fehlbaum (Hell 2011, La Colonie,2021) est le troisième du réalisateur, intense en émotion, riche en images d’archives et captive par l’intensité du moment de tous ces gens qui courent à droite et à gauche, parlent fort, crient en cherchant la vérité du moment. Un film haletant et coup de poing qui se passe dans les studios de ABC, on est dans les coulisses de la nouvelle avec tout ce que ça comporte diffusion : prise de décisions, incertitudes, questionnement, décision, atmosphère terrifiante.

Le réalisateur Suisse né en 1982 à Bâle a écrit ce film avec Moritz Binder et Alex David en s’appuyant sur les faits réels, rencontrant les témoins de l’époque ce qui transparaît dans la véracité des faits appuyés par ces images qui nous rappellent les faits et qui poussent jusqu’à nous montrer cet athlète qui visite Dachau peu de temps avant qu’il soit tué. Une réalisation coupée au couteau, une bonne direction d’acteurs qui par leurs incarnations nous font vivre ce fameux jour terrifiant de l’histoire des Jeux olympiques.
Un casting extraordinaire : John Magaro, Leonie Benesch, Corey Johnson, Georgina Rich, Peter Sarsgaard , Marcus Rutherford , Zinedine Soualem , Ben Chaplin.

On se souviendra du film de Spielberg Munich sorti en 2006 qui nous amène l’histoire qui relate les effets de cette tragédie son impact et ses conséquences et L’opération titrée « Colère de Dieu » sous le règne de Golda Meir.
Un documentaire bien fait du réalisateur Kevin Macdonald intitulé « One Day in September» (1999) Meilleur documentaire aux Academy Awards 2000. Mais 5 septembre s’inscrit dans une autre perspective avec l’accent mis sur le traitement de la nouvelle.
Un film qui aura sûrement une résonance et fera office de réflexion sur la façon dont on traite et qu’on reçoit la nouvelle en ces périodes de grandes agitations.
Dans Entertainment Weekly Peter Sarsgaard et John Magaro disent par rapport à aujourd’hui et se référant à cette période à propos de cette première fois qu’une telle tragédie est publié en direct :
« Il y a quelque chose de charmant chez ces personnages, je trouve, parce qu'ils sont tellement innocents », dit Sarsgaard. « C'est presque pittoresque d'une certaine manière, de revenir sur la naissance de ce style de médias d'information et c'est presque un peu folklorique », ajoute Magaro.
5 septembre une des dates inscrites dans la mémoire!
Un film coup de poing de Tim Fehlbaum Magistral !
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