Jérôme Decourcelles, auteur, scénariste, comédien et homme de radio, arrive chez Now Production Films Alliance pour parler des cultures d’Europe centrale et orientale. Dans chaque numéro de Cinéarts Diamond Magazine, vous trouverez des informations, des portraits d’artistes allant de la République tchèque à la Russie, en passant par l’Allemagne et l’Autriche. Portrait.
Cinéarts Diamond : Bonjour Jérôme, d’où viens-tu ?
Bonjour. Je suis né à Paris, mais mes ancêtres sont originaires principalement de la Bourgogne historique (jusqu’à Langres, en Haute-Marne), de Franche-Comté, d’Alsace, du Berry et du Frioul (en Italie). J’ai été élevé au milieu des livres, des musiques de tous genres, suivi des cours de théâtre au conservatoire, joué Berthold Brecht, René de Obaldia, ou encore Matéi Visniec et Ibrahim Ba (devant eux), et remporté des premiers prix de saxophone dans des concours nationaux ainsi que des prix lors de concours d’écriture (Chaleur Humaine, 2015 ; Respiration, 2021). A partir de 2012, j’ai découvert les plateaux de tournage comme comédien, scénariste et scripte (sur le film franco-slovaque Navrať (Le Retour, 2013) du réalisateur slovaque Viliam Vadňal). Journaliste et animateur radio depuis 1993, j’ai travaillé sur plusieurs domaines comme la culture, le sport, la politique, la société et la météo sur Espace FM (98.8 Mhz), Dynamic Radio, Cause Commune (93.1 Mhz), Fréquence Paris Plurielle (106.3 Mhz), DGN’Air et Radio Vrai. Membre du conseil d’administration de la Société des Amis de Victor Hugo, je défends les pensées et les écrits de Victor Hugo (1802-1885), et me bat pour l’égalité entre les hommes et les femmes à travers des conférences, des débats et des émissions pour la médiatisation du sport au féminin, mais aussi la liberté d’expression, contre toutes discriminations (genre, race, homophobie, handicap…).
Pourquoi l’Europe centrale et orientale ?
Je m’intéresse aux cultures d’Europe centrale et orientale depuis 1986 et la correspondance que j’ai tenue avec une étudiante tchécoslovaque, Margareta Kolarová, aujourd’hui postière dans l’est de la République Tchèque. J’ai vécu, à travers ses courriers, la Révolution de Velours (dite aussi Révolution Douce), et l’importance de la liberté d’expression. Peu après, j’ai fait mon service militaire en Allemagne, dans le Bade-Würtemberg, où j’ai gardé de merveilleux souvenirs comme la rencontre de la population allemande, des anciens et des jeunes de mon âge ainsi que l’obtention de mon permis de conduire ! A partir de 2014, j’ai fait des conférences dans les universités slovaques de Comenius à Bratislava (sur Les Relations franco-slovaques depuis l’Antiquité) et de Matej Bel à Banská Bystrica (sur Les langages au théâtre et leurs interprétations). A l’université Comenius, j’ai eu le bonheur d’intervenir comme coach dans des classes d’interprètes slovaques en français. J’ai aussi servi de guide à une classe d’universitaires slovaques pour une visite guidée à Paris sur « La Slovaquie à Paris ». Auteur, ma nouvelle intitulée Le Temps d’un songe (2013) a été traduite en slovaque sous le titre Čas snov en 2014. La Slovaquie m’a beaucoup apporté, comme la République tchèque ou l’Allemagne, et ça m’a amené à me plonger vraiment dans l’histoire et les cultures européennes que j’ai défendues dans toutes mes émissions radios depuis 2016. Et pas seulement.
Tu t’intéresses au cinéma d’Europe centrale et orientale. Pourquoi et comment se porte-t-il ?
Le cinéma n’a pas de frontière. On connaît, parmi tant d’autres artistes, les grands noms du cinéma d’Europe centrale et orientale comme les réalisateurs tchèques Miloš Forman, Jiři Menzel, le serbe Emir Kusturica, le polonais Andrzej Wajda, l’autrichien Michael Haneke, l’allemand Wim Wenders, le slovaque Peter Kerekes ou encore l’ukrainien Myroslav Slaboshpytskiy, réalisateur de l’inoubliable The Tribe, film à succès en langue des signes. Des professionnel.les francophones contribuent aussi au cinéma d’Europe centrale et orientale, comme Isabelle Huppert en Russie ou encore Pierre Richard en Géorgie ; Jean-Claude Carrière a participé à l’écriture du Dossier Petrov (Dosieto Petrov), film du bulgare Georgi Balabanov. Aujourd’hui, en France, nous avons beaucoup de festivals de films d’Europe centrale et orientale comme, à Rouen, le festival A l’Est ou encore à Paris avec le Czech-in Film Festival (festival de films slovaques et tchèques dont j’ai eu la joie de travailler sur la 1ère édition), le festival L’Europe autour de l’Europe, le Festival du cinéma bulgare ou encore le festival de cinéma russe Quand les russes aiment. Dans ces pays, il faut dire que les festivals de films francophones sont nombreux, je pense, par exemple, au festival Crème de la crème (en français dans le texte) à Bratislava, en Slovaquie.
Et l’avenir ?
L’avenir du cinéma d’Europe centrale et orientale est déjà là, avec, parmi tant d’autres, le français Janek Tarkowski et son film Je veille sur toi, qui a remporté, entre autres, en janvier dernier, le Prix du Meilleur court-métrage au festival Muestra Intergaláctica (Mexique), mais aussi la slovaque Zuzana Marianková qui, depuis son court-métrage B moll en 2014, jusqu’à son nouveau film (américano-slovaque) Známi neznámi (2021), fait une belle carrière de réalisatrice à la télévision et au cinéma, ou encore le bulgare Hristo Todorov, vainqueur, entre autres, du Prix du Jury de la 4ème édition du festival The Maz’ Movie Show à Mazingarbe (Pas-de-Calais), le 27 novembre 2021, pour son film S’il vous plaît, Jane, avant de remporter le Prix du Public au festival du film d’Enkarzine (Espagne) en décembre dernier, pour son film Le Petit Contrat. Tous ces films continuent à remporter des prix. On peut aussi citer la réalisatrice russe Alina Guseva, réalisatrice du film Les Fils tendus (2021), premier film français sur la broderie à travers le portrait de la française Ekaterina Igorevna, artiste brodeuse contemporaine qui révolutionne le monde de la broderie.
Pour Cinéarts Diamond Magazine, tu vas aussi nous parler d’autres arts ?
Oui. A l’heure où l’Union européenne travaille à la création de la fédération de l’Europe (le rapport final de la Conférence pour l’avenir de l’Europe sera rendu en avril-mai 2022), il est important de connaître les cultures de nos concitoyens européens. Ainsi, je vous ferai découvrir des chanteurs, des chanteuses, des peintres, des brodeuses, des écrivains et écrivaines… venant de toute l’Europe centrale et orientale. Comme on dit en Belgique, « l’union fait la force ». Travaillons ensemble.
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