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Photo du rédacteurSerge Leterrier

50e Festival du Cinéma Américain de Deauville

Festival du Cinéma Américain de Deauville

Out of America


Par Serge Leterrier

 

« Tout le monde dit que le Festival de Deauville est spécial, mais peu de gens peuvent affirmer comme moi qu’il a changé leur vie » Michael Douglas à propos du festival

 

Le Festival du Film du Cinéma Américain de Deauville est un événement majeur pour cette industrie et tous les amateurs cinéphiles. Cette année, le 50e festival s’est tenu du vendredi 6 au dimanche 15 septembre 2024. Le président du jury de cette édition 2024 était Benoît Magimel,  un acteur français reconnu, respecté et surtout talentueux. La compétition à Deauville est réservée aux films américains indépendants. Bien que les titres proposés soient par définition peu connus, le festival est réputé pour sa capacité à découvrir de nouveaux talents.


Cette année, la Sélection officielle nous a proposé près de 108 films qui ont été en compétition dans les huit catégories du festival. Le jury présidé par l'acteur Benoît Magimel a attribué, le 14  septembre, les prix aux heureux lauréats. Pour les délibérations  il a été accompagné par les comédiennes Ludivine Sagnier (Lupin, Lola et ses frères), Lou Lampros (Ma nuit, De son vivant) et Émilie Dequenne (Close, Kaamelott), le comédien Damien Bonnard (Les Misérables, Sauver ou périr), la réalisatrice, scénariste, photographe Agathe Riedinger (Diamant brut), ainsi que le réalisateur et scénariste Martin Bourboulon (Les Trois Mousquetaires, Eiffel). Mais avant de vous donner l’ensemble des prix décernés cette années je vous propose un bref historique de ce festival.

 

Un peu d’histoire

 

Depuis sa création en septembre 1975, le Festival du Cinéma Américain de Deauville est devenu un  rendez-vous incontournable de la rentrée cinématographique. Il met en exergue la diversité du cinéma américain, mais aussi des productions hollywoodiennes sans oublier l’éclairage sur un  cinéma indépendant de plus en plus créatif.

 

Avant la création du festival, Deauville était déjà un lieu de vacances prisé par les acteurs hollywoodiens depuis 1924. En 1975, André Halimi, journaliste cinéma, propose de créer un festival de cinéma américain en France. Après plusieurs tentatives infructueuses dans d’autres villes, il trouve un soutien enthousiaste à Deauville, notamment de la part du maire Michel d’Ornano et de son épouse Anne, qui voient dans ce projet une opportunité de prolonger la saison estivale.

 

Le maire et Lucien Barrière, PDG du groupe éponyme, décident de financer l’événement, et Lionel Chouchan, créateur du festival d’Avoriaz, est choisi pour l’organiser. L’événement est officiellement annoncé le 29 avril 1975 et la première édition se tient du 2 au 8 septembre de la même année. Le dîner d’ouverture est marqué par une décoration aux couleurs américaines et la présence de 500 invités, principalement des artistes français.


La première édition est un succès, mais les célébrités américaines manquent à l’appel. Anne d’Ornano devient alors une fervente ambassadrice du festival. En 1977, le festival introduit les « hommages » pour honorer des personnalités américaines marquantes, attirant ainsi de plus en plus de célébrités. Les premiers hommages sont rendus à Gregory Peck, Vincente Minnelli et Sydney Pollack.

 

Anne d’Ornano, succédant à son mari comme maire en 1987, décide de rendre hommage aux acteurs et réalisateurs américains en inscrivant leurs noms sur les lices de la promenade, en clin d’œil au “Sunset Boulevard”. Aujourd’hui, plus de 200 noms y figurent.

 

Le Palais des Congrès de Deauville (CID) est inauguré, en 1992, par Clint Eastwood. Ce lieu devient une référence pour le festival, avec une immense salle à l’écran géant. Le CID répond également à la nécessité de dynamiser l’activité des congrès à Deauville, offrant une infrastructure adaptée aux séminaires et conventions.

 

Le festival introduit un palmarès en 1995, récompensant les films indépendants avec plusieurs prix, dont le Grand Prix, le Prix du Jury, le Prix de la Critique et le Prix de la Ville de Deauville. Cette initiative confère une légitimité artistique à l’événement, qui découvre de nombreux talents, comme Little Miss Sunshine et Dans la peau de John Malkovich.

 

Depuis sa création il a été le théâtre de nombreuses apparitions de stars du cinéma américain, dont Robert De Niro, Clint Eastwood, George Clooney, Harrison Ford, Tom Cruise, Sharon Stone, Al Pacino, Michael Douglas, Julia Roberts, John Travolta, Nicole Kidman, et bien d’autres.

 

Aujourd’hui, le Festival du Cinéma Américain de Deauville est une manifestation incontournable de la rentrée cinématographique. Il met en lumière la diversité du cinéma américain, des blockbusters hollywoodiens aux films indépendants, et continue d’être un incubateur de nouveaux talents.

Il a ainsi révélé des œuvres qui ont marqué le cinéma : Little Odessa de James Gray, Pi de Darren Aronofsky, Being John Malkovich de Spike Jonze, Memento de Christopher Nolan, Collision de Paul Haggis, Little Miss Sunshine de Valérie Faris & Jonathan Dayton, Whiplash de Damien Chazelle, entre autres.

 

C’est en 2018, que les organisateurs ont décidé de reculer d’une semaine sa date pour mieux coïncider avec les sorties de films et la disponibilité des équipes, évitant ainsi une concurrence directe avec le Festival de Venise.

Aude Hesbert a été nommée directrice du festival en juillet 2023, succédant ainsi à Bruno Barde. 


Affiche Festival de Cinéma de Deauville 2005

Une ouverture sur l’inclusion

 

Cette 50e édition a été marquée par une réflexion profonde sur la question raciale. Parmi les quatorze films indépendants présentés, cinq se sont distingués par leur approche centrée sur des personnages afro-américains, explorant leur individualité et leur intimité plutôt que de les envisager comme des « autres » à travers un regard blanc.

Color Book, réalisé par David Fortune, est l’un de ces films. Il raconte l’histoire touchante d’un père noir récemment veuf qui s’occupe seul de son jeune fils atteint de trisomie 21. Le film suit leur voyage à travers Atlanta pour assister à un match de baseball, mettant en lumière les défis quotidiens et l’amour paternel.

Cette édition du festival a également été marquée par une rétrospective complète de James Gray, dont le film Armageddon Time (2022) explore la condition noire à travers une amitié d’enfance détruite par le racisme intégré. Ce film agit comme un trait d’union entre le passé et le présent du cinéma américain, reflétant les évolutions et les défis actuels en matière de représentation des minorités.

Le  Festival du cinéma américain de Deauville met actuellement  en avant des œuvres qui interrogent et défient les perceptions traditionnelles, offrant une plateforme aux voix afro-américaines et contribuant à une réflexion nécessaire sur la diversité et l’inclusion dans le cinéma.

La nouvelle directrice du Festival du cinéma américain de Deauville, Aude Hesbert, a joué un rôle essentiel dans cette orientation.

 

Aude Hesbert

 

Aude Hesbert s’est construite  une carrière riche et diversifiée dans le domaine des festivals de cinéma. Elle a débuté en collaborant avec la Quinzaine des cinéastes à Cannes, le Festival Paris Cinéma, et UniFrance. En 2018, elle a intégré Le Public Système Cinéma en tant que directrice adjointe, poste qu’elle a occupé jusqu’en 2023.

En juillet 2024, elle a été nommée directrice du Festival du cinéma américain de Deauville, à la place de Bruno Barde après des accusations d’agressions sexuelles à son encontre. Sa nomination a été perçue comme un souffle de renouveau, apportant une perspective fraîche et une volonté affirmée de promouvoir des voix diverses et inclusives dans le cinéma.

Aude Hesbert est également reconnue pour son travail à la Villa Albertine à Los Angeles, où elle a dirigé des initiatives artistiques visant à promouvoir le cinéma français aux États-Unis et au Canada anglophone.

 

Le Palmarès 2024


Le 14 septembre au cours de la soirée de clôture du 50e Festival du cinéma américain de Deauville, son président Benoit Magimel accompagné des membres du jury ont dévoilé le palmarès. L’aboutissement d’une édition anniversaire particulièrement réussie qui aura tenu toutes ses promesses. Le Grand Prix du Festival a été remis à « In The Summers », d’Alessandra Lacorazza Samudio. Ce film a remporté également le Prix de la fondation Louis Roederer, décerné par le jury de la Révélation.

 

Grand Prix In The Summers d’Alessandra Lacorazza Samudio.

Prix du Jury The Knife de Nnamdi Asomugha.

Prix Barrière du 50e : La Cocina d’Alonso Ruizpalacios.

Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation : In The Summers d’Alessandra Lacorazza Samudio.

Prix du Public de la ville de Deauville : The Stranger’s Case de Brandt Andersen.

Prix de la Critique : Color Book de David Fortune12.

Prix CANAL+ spécial 50e anniversaire : The School Duel de Todd Wiseman Jr..

 

Grand Prix : In The Summers d’Alessandra Lacorazza Samudio.

A l’année prochaine

 

« Le festival du cinéma américain de Deauville a célébré son demi-siècle dans une période chahutée de son histoire. Confronté à une crise de créativité du cinéma d’Outre-Atlantique, le rendez-vous conserve son prestige et son identité, entre glamour et nostalgie. »

 

Le festival se termine, laissant derrière lui les ombres sacrées du cinéma planant encore dans nos mémoires. Une réminiscence qui s’exprime de festival en festival avec un brin de nostalgie et aussi beaucoup d’émotions de vivre le cinéma de l’intérieur, au cœur de l’actualité, croisant dans les couloirs du temps celles et ceux qui nous ont fait rêver pour sortir subtilement de cette toile singulière et apparaitre enfin dans notre réalité. C’est dans cette  salle noire, en projection magique, que nous pouvons suivre toutes ces étoiles,  filantes au gré de leurs histoires et c’est le jour, sur un tapis rouge, que nous en apprécions les contours sublimées par la candeur et le glamour de l’instant… Et cet instant devient dès lors une larme d’éternité inscrite sur le sol de notre passion.

 

« Deauville est une ville merveilleuse pour le golf, les chevaux et le casino », a plaisanté Michael Douglas. « Ce n’est pas tous les jours que vous êtes reçu dans une suite à votre nom où les murs sont couverts de photos de vos films ». Source : https://www.lefigaro.fr/

 

Vive le cinéma !

 

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